PRENDRE DES MESURES
logo de l'émission

Pourquoi je quitte le Parti conservateur du Canada

Why I am Leaving the Conservative Party of Canadaa

AOÛT 23, 2018

Au cours des derniers mois, j'ai soulevé des questions politiques qui, à mon avis, sont d'une importance cruciale pour l'avenir de notre pays. C'est mon travail en tant que député.

De plus, il est de mon devoir, en tant que député conservateur, de contribuer aux débats et d'offrir des solutions politiques d'un point de vue conservateur. Sinon, quel est l'intérêt de s'impliquer en politique ?

Je suis en politique pour défendre des idées, de vraies idées conservatrices. Parce que je me soucie passionnément de l'avenir du Canada. Parce que je sais que la philosophie conservatrice du marché libre a les meilleures solutions pour assurer que notre société soit plus prospère, plus sûre et plus pacifique.

Cependant, la position de mon parti sur plusieurs questions m'a convaincu que sous la direction actuelle, il a presque abandonné ses principes conservateurs fondamentaux.

Je ne comprends toujours pas comment un parti censé défendre les marchés libres appuie un petit cartel qui augmente artificiellement le prix du lait, du poulet et des œufs pour des millions de consommateurs canadiens.

Plus important encore, la gestion de l'offre est devenue l'une des principales pierres d'achoppement d'une entente avec les États-Unis sur l'ALENA. Les anciens chefs conservateurs Brian Mulroney et Rona Ambrose conviennent qu'il faut le mettre sur la table.

Mais le Parti conservateur s'est rangé du côté du gouvernement libéral. Il appuie également les tarifs de représailles du gouvernement libéral, même si cela va nuire à nos entreprises et à nos consommateurs. Même si le Canada n'a aucune chance réaliste de gagner une guerre commerciale avec un voisin dix fois plus grand. Même si nous pourrions réussir à relancer les négociations si nous mettions la gestion de l'offre sur la table et si nous acceptons l'offre du président Trump de négocier un démantèlement de toutes les barrières, comme l'Union européenne l'a fait.

Les libéraux font de la politique avec ce dossier commercial d'une importance cruciale. Ils mettent en danger les 20 % de notre économie qui dépendent du commerce avec les États-Unis et la prospérité future du Canada.

Mais au lieu de diriger en tant que conservateur fondé sur des principes et de défendre les intérêts du Canada et des Canadiens, Andrew Scheer suit les libéraux de Trudeau. On m'a dit que les sondages internes montrent que la réponse des libéraux à Trump est populaire. Et que dans six mois, si les sondages changent, la position du parti pourrait aussi changer.

La même chose s'est produite en réaction à mes tweets sur la diversité et le multiculturalisme. Il s'agit d'un autre débat crucial pour l'avenir de notre pays. Est-ce que nous voulons mettre l'accent sur nos différences ethniques et religieuses et les exploiter pour acheter des votes, comme le font les libéraux ? Ou mettre l'accent sur ce qui nous unit et sur les valeurs qui peuvent garantir la cohésion sociale ?

Tout comme dans d'autres sociétés occidentales aux prises avec cette question, un grand nombre de Canadiens, et certainement la grande majorité des conservateurs, craignent que nous ne nous dirigeons dans la mauvaise direction. Mais il n'est pas politiquement correct de soulever de telles questions.

Au lieu de diriger le débat et de repousser toutes les accusations injustes, Andrew Scheer a choisi d'éviter la controverse. Lui et plusieurs de mes collègues m'ont désavoué. Ils ont tellement peur des critiques de la gauche et des médias qu'ils préfèrent laisser tomber des millions de sympathisants à travers le pays qui voudraient que nous nous attaquions à cette question.

Lorsque le gouvernement libéral a récemment renouvelé la formule de péréquation injuste et inefficace pour cinq autres années, j'ai été le seul à la critiquer. Pas un mot de la part de mes collègues conservateurs.

Un parti conservateur qui soutient les marchés libres devrait également prôner la fin du bien-être des entreprises. Ce n'est pas seulement une chose fondée sur des principes à faire, mais elle pourrait aussi être populaire si nous la défendons de manière cohérente. Les Canadiens en ont assez de payer des impôts pour renflouer Bombardier, Ford et d'autres entreprises.

Au lieu d'adopter cette idée, Andrew Scheer a annoncé qu'il nommerait un ministre régional pour toutes les agences de développement régional du pays, au lieu d'avoir un seul ministre pour les superviser, comme c'est le cas actuellement. Il veut qu'un ministre du Québec distribue des subventions au Québec, qu'un ministre du Canada atlantique distribue des subventions au Canada atlantique, etc.

La solution conservatrice devrait être d'abolir ces agences qui font du gaspillage. Ce que propose Andrew Scheer, c'est de les rendre plus efficaces pour acheter des votes avec l'argent des contribuables.

Comment pouvons-nous nous attendre à ce que ce parti adopte une réforme conservatrice en ce qui concerne le pouvoir, s'il ne peut même pas exprimer clairement sa position et la défendre avant d'être élu ? Je suis maintenant convaincu que ce que nous obtiendrons si Andrew Scheer devient premier ministre n'est qu'une version plus modérée du désastreux gouvernement Trudeau.

Au cours de la dernière année, je me suis rendu compte que notre parti est trop corrompu intellectuellement et moralement pour être réformé.

Je sais pertinemment que de nombreux membres du caucus s'opposent en privé à la gestion de l'offre. Mais acheter des votes dans quelques circonscriptions clés est plus important que de défendre les intérêts de tous les Canadiens.

Toute la stratégie du parti consiste à faire de la politique identitaire, à se plaire à divers groupes d'intérêts et à acheter des votes avec des promesses, tout comme les libéraux.

Le Parti conservateur essaie d'éviter les questions importantes mais controversées qui préoccupent les conservateurs et les Canadiens en général. Elle craint d'articuler une philosophie cohérente pour appuyer ses positions.

Chaque déclaration publique est testée au moyen de sondages et de groupes de discussion. Le résultat est un tas de platitudes qui n'offensent personne, mais qui ne veulent rien dire et ne motivent personne.

Andrew Scheer ne cesse de parler de sa « vision conservatrice positive ». Mais personne ne sait quelle est cette vision. Le Parti conservateur a abandonné les conservateurs. Il ne les représente plus. Et il n'a rien de substantiel à offrir aux Canadiens qui cherchent une alternative politique.

Si nous voulons que les principes conservateurs gagnent la bataille des idées, nous devons les défendre ouvertement, avec passion et conviction.

C'est ce que je veux faire. Et c'est pourquoi, à compter d'aujourd'hui, je ne suis plus membre du Parti conservateur du Canada. Je veux faire de la politique différemment. Je trouverai une autre façon de donner la parole à des millions de Canadiens. Et je continuerai de me battre pour la liberté, la responsabilité, l'équité et le respect.